D’Alep à Lourdes, le volet III de la coll. Territoires redit la fragilité de l’homme

Le volet III, entre Lourdes et Alep est à paraître début mars 2017.

Initialement, pour ce volet III de la collection Territoires, Lourdes devait dialoguer avec Molenbeek et poser la question de notre regard sur ces territoires dits spirituels et religieux, à juste titre pour Lourdes et très certainement à tort pour Molenbeek. L’idée de ce volet était de dépasser l’image première trop évidente de ce que l’on nous dit de ces territoires, de trouver et proposer d’autres pistes pour les approcher.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Et puis Alep, son agonie, l’immense blessure infligée à l’une des plus belles cités du Moyen-Orient a rattrapé ce volet III avec cette urgence de lui rendre hommage et de ne pas laisser la destruction dévorer jusqu’à la mémoire. Alep a remplacé Molenbeek et quelque chose de très beau, de bouleversant aussi, s’est éveillé alors dans ces écritures photographiques, un lien entre les deux territoires, la rencontre entre la tristesse et l’espoir, le besoin de l’espoir.

Peut-être est-ce dû au merveilleux regard de Marc Montméat dans cet ouvrage, Ceux qui marchent. Lourdes, à la douceur respectueuse de son approche, à cette ouverture et cette liberté dont il a fait preuve, pour nous guider, au-delà de nos convictions religieuses, à partager simplement ce moment si fragile et si vrai quand les hommes viennent déposer une part d’eux-mêmes et chercher dans le fond de leurs cœurs l’espace de la paix, de la fraternité, de la joie.

Et peut-être aussi que cette mémoire volontaire d’Alep de Nicolas Camoisson, hommage déchiré mais qui ne renonce pas, cet appel à l’humain est d’autant mieux porté que Ceux qui marchent. Lourdes de Marc Montméat l’accompagne. Avec Revenir. Quartier Bab al Hadid, Alep Nicolas Camoisson partage le souvenir lumineux de ces rencontres avec les artisans des pneus de Bab al Hadid, leur dur labeur, leur talent et la chaleur et la douceur de ces hommes simples qui étaient une part essentielle de la Syrie.

La règle du jeu fixée pour la collection Territoires est de proposer aux photographes, toujours dans une situation de binôme, d’aborder chacun un territoire, en dix jours maximum.
Marc Montméat, parti au début de la saison des pèlerinages en mai puis en juin 2016 a joué cette carte-là avec enthousiasme et finesse sélectionnant parmi les pèlerinages et les temps forts, les moments pertinents et intégrant dans son panier un moment durant lequel justement rien n’était programmé sur le site.
La proposition de Nicolas Camoisson d’un regard rétrospectif sur Alep, respecte aussi, avec plusieurs années d’écart, la règle du jeu de la collection puisque ces images ont été prises en quelques jours, lors des temps de pause que nous nous accordions à Alep.

Lourdes comme Alep posent une question essentielle à notre regard : quand admettrons-nous la fragilité de l’être humain ? Quand concèderons-nous que cette fragilité en fait sa beauté ? Et n’avons-nous pas à travailler tous dans une même voie pour redire le caractère si précieux de la vie ?